Je vous écris ce billet de Pontcharra où j'ai retrouvé ma famille pour passer ensemble, tous les cinq, une belle fête de Noël. J'ai eu l'occasion de descendre de Paris en voiture avec un beau-frère jusqu'à Lyon et Chantal est venue me chercher à la gare de Chambéry avec Jean-Baptiste parce qu'il n'y avait plus de train pour Pontcharra.
Cette première grande partie de ma Longue marche jusqu'à Bruxelles s'est déroulée "comme sur des roulettes". Je me suis rendu compte, sur le terrain, que j'avais préparé un très beau parcours, en dehors des grandes routes, c'est-à-dire par les montagnes et les hauteurs, empruntant les plus petites routes que j'avais trouvées sur les nouvelles cartes jaunes Michelin -dont j'avais fait des photocopies- ainsi que des parties de GR, ces sentiers de grande randonnée indiqués sur ces cartes : ils nous font faire parfois de grands détours mais les points de vue pittoresques en valent souvent la peine.
C'est une aventure qui, en elle-même, mériterait le nom de "grandes vacances" après toutes ces années de travail qui ne me permettaient pas d'en prendre comme autrefois dans ma jeunesse.
La période ne fut en aucun cas défavorable malgré le désaccord de Chantal et d'autres personnes sur la période choisie. Mais j'avais reçu l'avis favorable d'un grand marcheur de la région de Grenoble, André Weill, qui a écrit plusieurs livres au sujet de ses principaux parcours ("T'es toi quand tu marches" sur son chemin de Compostelle, un autre sur son aventure de Paris à Auchwitz d'où il a décidé de poursuivre jusqu'à Jérusalem, etc.). L'hiver, on se réchauffe en marchant, peu de risque d'infection et, les journées étant courtes, on est moins tenté de faire de trop longues journées de marche, surtout lorsqu'il faut chaque jour prévoir son gîte au dernier moment.
Bref, j'étais parti avec de belles idées, mais pas du tout avec celle d'écrire un livre sur un voyage banal qui ne mériterait sans doute pas de relation écrite en tant que marche. Mais, dès ma traversée de la Chartreuse avec la première tempête de neige de la saison et surtout la traversée de Grenoble avec des rencontres inattendues, des réactions si encourageantes des pauvres que j'ai rencontrés dans les rues, je me suis dit qu'il vaudrait la peine de prendre des notes pour me souvenir de toutes ces péripéties parfois pleines de surprises et d'humour afin de les partager aux autres. C'est une chose de suivre des chemins balisés et fréquentés comme ceux de Compostelle; c'en est une autre de défricher des chemins nouveaux comme ceux qui, à travers la réalité du monde parcouru, à travers les réflexions que j'ai pu me faire ou entendre, ou même trouver dans l'actualité, devraient nous conduire vers un monde de fraternité , de justice et de solidarité.
Je suis arrivé à Notre-Dame de Paris sous la neige le dimanche 20 déc.comme prévu après une expérience inoubliable d'une nuit avec les plus pauvres de notre société, environ 3OO personnes à la "Mie de pain" dans le XIIIe arrondissement où je suis arrivé par la porte d'Ivry. Le mardi, avec mon sac à dos, mes grosses chaussures de cuir et mon bâton de pèlerin, je rencontrais,dans le XVe, le président du Centre Solidariste de Paris. Ce fut une rencontre très cordiale avec ce grand historien, notamment de la Déportation (lauréat de l'Académie Française pour son oeuvre), héros de la Résistance etc. Son accueil et sa grande simplicité m'ont fait une grande impression en plus de son geste de partage de son ouvrage sur l'histoire et les perspectives du Solidarisme en vue d'un avenir plus radieux.
Le lundi 4 janvier, je reprendrai ma route depuis Notre-Dame de Paris, traverserai la banlieue nord que je connais moins pour atteindre la forêt de Chantilly où, peut-être, je demanderai asile au Château où, dans ma jeunesse, j'avais suivi une session PRH (Personnalité et Relation Humaine) et chanté pour la première fois une de mes compositions sur la nature.
Un grand merci à vous tous qui m'avez suivi dans mon parcours pour votre soutien et vos encouragements. A vous aussi, je vous dis "bon courage" pour cette année nouvelle, bonne marche dans ce nouveau millénaire où un tournant très important nous attend, peut-être plus tôt qu'on ne saurait l'imaginer.
Avec toute mon amitié,
Ignace.
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